PEPFAR/DOD

Les détails du programme PEPFAR/DOD

Contexte

L’épidémie mondiale de VIH/SIDA continue d’affecter de manière significative les forces armées de nombreux pays, compromettant leur capacité opérationnelle, limitant les possibilités de déploiement, et engendrant des répercussions tant physiques qu’émotionnelles chez les militaires infectés ainsi que leurs familles. Ces défis constituent non seulement des risques pour le personnel militaire, mais également pour les communautés environnantes, qui dépendent de la stabilité et de la sécurité assurées par nos forces armées.

En 2000, plusieurs armées africaines étaient durement touchées par le VIH, avec des taux de prévalence allant de 15 % à 60 % parmi les militaires infectés, posant ainsi une menace à la stabilité et à la sécurité mondiales. En réponse, les Nations Unies ont adopté huit résolutions clés, dont les résolutions 1308 et 1325 (2000), 1820 (2008), 1888, 1889 et 1894 (2009), 1960 (2010) et 1983 (2011), qui prennent en compte les questions liées au VIH/SIDA dans les forces armées, qu’il s’agisse d’opérations extérieures (OPEX) ou intérieures (OPIN).

En réponse à ce défi, le Département de la Défense des États-Unis (DoD), par le biais du Programme d’Urgence du Président des États-Unis pour la Lutte contre le SIDA (PEPFAR), s’est engagé depuis 2002 à soutenir les initiatives de prévention et de contrôle du VIH/SIDA dans plus de 50 pays, dont le Sénégal. En 2020, l’Alliance Nationale des Communautés pour la Santé (ANCS) a été choisie pour assurer la gestion technique et financière des subventions dédiées aux Forces armées sénégalaises, consolidant ainsi ce partenariat stratégique.

Programme VIH/SIDA des Forces Armées Sénégalaises

Depuis 2020, cette collaboration entre le ministère des Forces armées sénégalaises, l’Alliance Nationale des Communautés pour la Santé et le PEPFAR a permis de mettre en œuvre des stratégies innovantes de prévention et de prise en charge des militaires vivant avec le VIH, tout en contribuant à l’effort national de riposte contre le VIH. Les progrès enregistrés sont le fruit d’une stratégie de communication efficace visant à promouvoir le changement de comportement, associée à une politique globale et bien structurée de prévention et de prise en charge, soutenue par les autorités militaires et la gendarmerie.

En 2006, la prévalence du VIH au sein des forces armées sénégalaises était de 0,7 %, contre 0,74 % dans la population générale du Sénégal (EDS, 2006). En 2016, elle était tombée à 0,3 %, contre 0,5 % pour la population générale (ENSC, 2015). Des données plus récentes, issues des activités de dépistage, indiquent une prévalence encore plus faible de 0,18 % en 2021.

Objectifs du programme

Le programme vise à renforcer les capacités institutionnelles, techniques et administratives des services de santé des forces armées pour répondre efficacement à l’épidémie de VIH/SIDA. Il s’agit également d’améliorer la gestion des ressources allouées à cette lutte, tout en renforçant les centres médicaux militaires pour offrir des services de qualité en matière de prévention, de soins et de traitement du VIH/SIDA. Les bénéficiaires directs sont les militaires et les gendarmes, mais aussi leurs familles et les communautés environnantes, qui bénéficient des services proposés dans les sites militaires.

Dispositif et domaines d'intervention

Le Programme de Lutte contre le VIH/SIDA dans les Forces Armées repose sur le dispositif sanitaire militaire, composé des centres médicaux interarmées (CMIA), des centres médicaux de garnison (CMG), et des centres médicaux sociaux (CMS). Les interventions sont axées sur quatre principaux domaines :

  1. Prévention : Promotion de comportements à moindre risque et distribution de préservatifs.
  2. Dépistage : Tests volontaires et à l’initiative des prestataires et ciblés dans les sites militaires.
  3. Traitement : Mise en place et suivi des traitements antirétroviraux (ARV) et maintien au traitement.
  4. Renforcement du système de santé : Amélioration des infrastructures et capacités médicales des forces armées pour une meilleure prise en charge des patients vivant avec le VIH..

Le sociogramme des parties prenantes ci-dessous met en évidence tous les acteurs qui interagissent dans la mise en œuvre du programme.

 

Ce dispositif, soutenu par les partenaires, permet une riposte cohérente et efficace à l’épidémie au sein des forces armées, contribuant ainsi à la santé publique nationale.

Composante Prévention

Les interventions de prévention ont ciblé les populations prioritaires, notamment les nouvelles recrues militaires, les contingents en attente de déploiement pour des opérations extérieures, ainsi que ceux évoluant dans des zones à risque. En parallèle, des activités de sensibilisation ont été menées auprès des familles de militaires, en collaboration avec la FEGAFFAMIS (Fédération des Épouses et Familles des Forces Armées du Sénégal).

Au total, les causeries et sessions de sensibilisation ont touché environ 6 598 personnes chaque année au niveau des Centres Médicaux Interarmées (CMIA) et des Centres Médicaux de Garnison (CMG), tant militaires que civils. Ce chiffre représente près de 115 % de l’objectif annuel fixé. En outre, chaque année, environ 6 000 nouvelles recrues au camp de Bango, ainsi que 1 200 gendarmes des écoles de formation et unités spéciales (GARSI et ESI), ont bénéficié de sensibilisations sur les comportements à moindre risque, accompagnées d’une distribution de préservatifs.

Composante Dépistage

La stratégie de dépistage s’appuie principalement sur le test d’index et le dépistage à l’initiative des prestataires. Les CMIA et CMG jouent un rôle central en offrant des services de dépistage adaptés et confidentiels aux militaires ainsi qu’aux populations environnantes des sites militaires.

Le taux de couverture de l’indicateur de dépistage dépasse régulièrement les 110 % par an, témoignant d’une performance solide. Cela reflète le rapport positif entre le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées séropositives et le nombre de personnes ayant reçu des services de dépistage du VIH et leurs résultats de test.

Atteinte des indicateurs pour la cible militaire

En outre, le programme de lutte contre le SIDA dans les forces armées a pleinement atteint les objectifs des trois « 95 » de l’ONUSIDA : 95% des militaires vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95% de ceux qui sont diagnostiqués reçoivent un traitement, et 95% des militaires sous traitement ont une charge virale indétectable.

Composante Traitement

Le dernier objectif de l’initiative « 95-95-95 » de l’ONUSIDA, qui vise à ce que 95 % des personnes sous traitement antirétroviral (TAR) aient une charge virale durablement supprimée d’ici 2025, constitue un défi majeur pour le Sénégal. Cet indicateur est essentiel pour évaluer l’étendue de l’adoption et la rétention dans les programmes de TAR, et mesure les progrès vers une couverture universelle du TAR pour les personnes séropositives.

L’atteinte de cet objectif repose sur le renforcement des capacités médicales en augmentant l’offre de services de mesure de la charge virale au niveau périphérique, ainsi que sur la dotation de ressources pour la conservation et le transport des échantillons.

Grâce au soutien du Fonds mondial, des laboratoires de référence répondant aux normes internationales ont été installés à l’hôpital militaire de Ouakam et au CMIA de Ziguinchor. Ces laboratoires jouent un rôle essentiel dans la gestion et la surveillance de la charge virale au niveau national.

Le bilan des personnes nouvellement diagnostiquées et enrôlées dans les programmes de traitement est encourageant, avec un taux d’atteinte des objectifs de 100 %. Cela inclut également le succès du « linkage to care », qui garantit que les personnes nouvellement diagnostiquées initient un traitement conformément à la politique « Test and Treat ».

Cependant, ces acquis, bien que remarquables, demeurent fragiles face à l’augmentation des nouvelles infections au sein de la population générale. Si cette tendance n’est pas maîtrisée, elle pourrait, à terme, avoir un impact négatif sur les cantonnements militaires. Il est donc essentiel de poursuivre et d’intensifier nos efforts pour maintenir et renforcer les avancées réalisées jusqu’à présent.