C’est une histoire qui se déroule à Diouloulou, dans la région naturelle de Casamance. Victime de viol, une femme s’est retrouvée séropositive. La Boutique de droit installée par l’ANCS dans la région de Ziguinchor, dans le cadre du programme Santé de l’Usaid avec FHI 360, a fait preuve de diligence dans sa prise en charge. Retour sur une histoire rocambolesque où Vih, viol, infertilité et naissance d’un bébé dénommé « ANCS » tissent une trame finalement heureuse.

 

AD se pensait infertile. Vivant ce qui lui paraissait une fatalité, elle ne se concentrait pas moins sur les exigences de la vie. Ce jour-là, cette dame qui habite Diouloulou, dans la région de Casamance, cultivait son faro. La chaleur hivernale qui précède les pluies diluviennes était insoutenable. Au plus fort de la canicule, elle se refugia à l’ombre d’un manguier. C’est là que le drame est survenu.

Un garçon de 17 ans surgit des buissons et se jeta sur elle. La bataille s’engage. AD résiste, mais la détermination de son agresseur finit par l’épuiser. S’ensuit un viol. Et pire encore. Acheminée au centre de santé, l’examen d’AD révèle un visage en tuméfaction, un cou ensanglanté et du sperme au niveau de la paroi utérine. Suite aux soins d’urgence, elle est acheminée à Ziguinchor pour être prise en charge par la Boutique de droit. Sur les lieux, ses frais transport de même que celui de son accompagnante sont remboursés Un médecin légiste est commis pour établir un certificat médical et un avocat mis à la disposition de AD pour suivre le dossier. En plus, la Boutique sollicite l’expertise d’un psychiatre afin que le traumatisme soit bien prise en charge et sollicite le centre Kolimaro pour qu’elle soit bien logée et alimentée. Son traitement fait aussi l’objet d’un suivi par des spécialistes en la matière. Car AD est sortie de son viol infectée par le VIH.

Tous les actes médicaux, bilans et analyses effectués, elle allait voir, un mois plus tard, la justice frapper son bourreau. Jugé coupable, celui-ci écope d’un an de prison ferme (après appel d’une peine de 5 ans) assorti d’une amende de 2 millions de dommage et intérêt au profit de la victime. Mais dans le malheur et le choc psychologique qu’elle a vécus, AD allait sortir de son malheur avec une bonne nouvelle. Les causes de l’infertilité qui l’affectait ont été prises en charge par le Boutique de droit et après quatre mois de rendez-vous elle est tombée enceinte du fait de son mari.

Cette grossesse précieuse a fait la joie de tout le monde. C’est la coordonnatrice en santé de la reproduction du district de Dioulolou qui est montée au créneau et s’est chargée personnellement d’en assurer le suivi.

La délivrance lui a permis de mettre au monde une fille dont les deux Polymari Chaine Reactor (PCR) sont négatifs. Affublée du surnom de «Ancs», elle porte le nom de la responsable de la Boutique de droit de Ziguinchor. Entre son père et sa mère, elle apporte aujourd’hui un trait d’union qui égaye une famille et en renforce l’unité. Dans leur bonheur, ses parents n’oublient pas l’ANCS et sa Boutique de droit qui ont fait l’objet de remerciements.

Le cas de AD en est un parmi d’autres. A chaque fois que nous alertons la Boutique, elle met l’énergie  et les moyens nécessaires à la prise en charge des victimes. En tant qu’assistant social et gestionnaire des données VIH dans cette structure, je mesure l’importance du travail mené pour assister les victimes de viols et  violences qui sont monnaie courante dans le district de Diouloulou.

Salif FALL

Assistant Social au Poste de santé de Diouloulou

Médecin Chef de District